« Un joueur d’échecs c’est comme de la peinture, s’il n’est pas brillant il est mat. » (Philippe Geluck).
Échec adopte d’abord les formes eskec, eschac et eschec sous l’influence du francique skâk « butin ». Son sens primitif d’interjection s’applique au jeu inventé en Inde au 6e siècle : l’avertissement par suite d’une manœuvre d’un joueur avisant son adversaire que son roi est en danger immédiat de capture. Les Arabes le répandent en Europe au 11e siècle où il devient la distraction favorite des chevaliers et de la noblesse chrétienne.
Au pluriel, le mot désigne le jeu dans lequel deux adversaires déplacent leurs pièces sur le plateau : partie d’échecs, jeu d’échecs; chacun d’eux disposant d’un roi, d’une reine, de deux tours, deux cavaliers, deux fous et 8 pions : pièces d’échecs. Au singulier, il qualifie le coup par lequel un joueur met en danger le roi de son adversaire : échec ou échec au roi. Lequel peut être sauvé mais le véritable échec, shâh mât « le roi est mort » en persan, qui a donné la locution échec et mat en français, signifie la perte de la partie en raison de l’impossibilité de répondre à la mise en échec.
À propos d’une activité humaine, le mot s’emploie au sens de « difficulté, embarras, obstacle », résultat négatif d’une certaine gravité d’une entreprise mais aussi d’une expérience : échec affectif, échec électoral, échec scolaire, névrose d’échec, terme employé par les psychanalystes pour désigner les organisations pathologiques de la personnalité dont l’échec, symptôme majeur, apparaît provoqué par un désir inconscient. Fatalisme ou sentiment de culpabilité qui donnent lieu à des locutions généralement affligeantes : en cas d’échec, d’échec en échec, échec sur échec, courir à un échec, vouer à l’échec, faire échec (à un projet), l’empêcher de se réaliser, tenir (quelqu’un) en échec, le mettre en difficulté, entraver son action.
Le dérivé échiquier, d’abord eschaquier au 12e siècle, désigne le plateau divisé en 64 carrés, alternativement blancs et noirs, sur lequel on joue aux échecs. Ensuite une surface rappelant cette disposition comme celle des banquiers qui avaient l’habitude, au Moyen Âge, d’utiliser des tapis quadrillés pour faire leurs comptes. Sens repris par l’anglais exchequer, le ministère des Finances en Grande-Bretagne. Enfin un domaine où s’exerce une compétition, une lutte d’intérêts, où s’entrecroisent des manœuvres habiles : échiquier européen. L’adjectif échiquéen, échiquéenne désigne ce qui est relatif au jeu d’échecs. En héraldique, échiqueté, échiquetée qualifie des émaux répartis en cases alternées comme celles d’un échiquier.
Devoir
Quelle expression applicable aux échecs mais issue d’un autre jeu signifie « l’emporter avec une supériorité marquée, souffler la victoire, devancer »?
Dam _ _ le p _ _ _ .
Réponse
Damer le pion. Au jeu de dames, l’expression signifie pour un joueur, mener son pion jusqu’à la dernière ligne du côté de l’adversaire, celui-ci se transformant alors en dame et lui conférant un avantage marqué à ce moment de la partie. Il en est de même aux échecs.